Ironman 70.3 Vichy 2022 : Frustration 2.0

David Desrousseaux
11 min readAug 30, 2022

Ironman… la marque est tellement connue, que dire à son entourage néophyte qu’on va participer à un Ironman, on apparait déjà comme un surhomme. Alors que la réalité est toute autre !

Certes, il y a l’Ironman, le “vrai” : 4 kilomètres de natation, 180 de vélo, et pour finir : un marathon de +42 kilomètres. A avaler le plus rapidement possible.

Ironman, c’est avant tout une marque. Américaine. Et qui a développé tout un business. Et l’Ironman 70.3 est une déclinaison raccourcie des fameux Ironman. Autrement dit, il s’agit en réalité d’un “half-Ironman”, où toutes les distances sont divisées par 2 :

  • 2 kilomètres de natation
  • 90km de vélo
  • Et un semi-marathon de 21,1km

Pourquoi 70.3 ? Car la distance totale à parcourir est de 70,3 miles.

Bref, un half, c’est beaucoup moins traumatisant.

Tout avait si bien commencé…

1 mois avant le 70.3 de Vichy, je m’étais planifié quelques chantiers d’aménagement à la maison. Avec à la clé des démontages et remontages de meubles, des déplacement de grosses planches lourdes… Et tous ces mouvements ont traumatisé mon dos, et réactivé mon petit lumbago annuel à 20 jours de la compétition.

Déjà que mes entrainements étaient planifiés en “mode gruyère” du fait de contraintes quotidiennes. Mais aussi suite à la récup’ de l’Ultra Marin et de ses 175km.

J’étais donc sur une période très très light côté sportif… !

Ces 20 derniers jours vont se résumer en soins d’osthéo, du Tramadol, et un dos qui va se raidifier et m’offrir en plus une belle sciatique. Qui malgré des étirements réguliers, du repos, et des séances de massage ne va pas vraiment se calmer.

Et c’est dans cet état que j’arrive à Vichy à J-2 de la course, avec mon fils.

#Wouhou

Vendredi

Une fois sur place, le Jeudi et le Vendredi sont essentiellement consacrés aux derniers préparatifs :

  • des soins du dos, avec osthéo et masseurs présents dans le Village IronMan ;
  • le retrait du dossard et quelques accessoires. Sauf le bonnet de natation toutefois, car le “fournisseur aurait des retards” ;
  • et la réparation de mon CLM (= vélo de Contre-la-Montre) : un changement de jante à l’arrière m’a provoqué un dé-règlement du frein. Le temps de le confier aux mécaniciens présents dans le Village, puis de le tester 30 minutes. Restera ensuite à le déposer dans le parc à vélos dès le Vendredi après-midi.
On fait le fier quand même….

Les emmerdes, ça vole en escadrille

Après des semaines de chaleur inhumaine, et de sécheresse record, le ciel de Vichy est devenu très orageux. Beaucoup d’orages violents, et un ciel bien gris. Toute cette pluie qui tombe dans l’Allier va produire une pollution bactérienne très élevée.

Et la décision tombe le Vendredi matin, veille de la course : l’épreuve de natation est annulée.

No swimming

Shit!

Je me retrouve donc à Vichy totalement sous-entrainé. Diminué physiquement. Avec une épreuve réduite d’un tiers. Avant même de participer à la course, je sens déjà que cette course ne restera pas dans les annales…

Samedi : Lever à 4h30

J’ai beau être matinal, j’ai mal — comme dirait notre cher Bourdon ! Le temps d’enfiler un petit déjeuner et de me préparer, direction la ligne de départ à 2 kilomètres de là.

L’ambiance est humide : il a beaucoup plus pendant la nuit. Et une faible pluie continue de tomber du ciel. Je suis de l’autre côté de l’Allier, une petite promenade bien fraîche m’attend donc. Promenade durant laquelle j’essaye continuellement de relaxer mon dos. En marchant lentement.

No stress.

Réveil tôt, puis en route pour la ligne de départ dans une ambiance humide

Malgré la distance qui me sépare des stands, j’entends déjà les speakers au loin nous donner quelques recommandations. Notamment sur les dangers à anticiper sur le parcours vélo. Et sur le programme de lancement de la course.

Puisque l’épreuve de natation a été annulée, les organisateurs évoquent un duathlon. Une véritable épreuve de duathlon se découpe habituellement en 3 parties, comme pour un triathlon : course à pied (CAP)+ vélo + course à pied. Il y a donc 2 fois de la CAP. Sauf que les organisateurs du jour décident qu’on va passer sur 2 épreuves. Et donc plutôt effectuer une sorte de bike + run. L’épreuve de natation n’étant remplacée par… rien.

Vu le prix de la course, la renommée de la marque IronMan, je m’attendais quand même à une meilleure anticipation de la part du staff. Comme l’ont fait ceux du Triathlon de Deauville il y a 2 ans, en réorganisant un véritable duathlon.

1h avant la course

La course va donc être lancée à 7h. D’abord avec les professionnels hommes, ensuite les femmes. Puis les paratriathlètes. Et enfin, tous les autres, dans l’ordre des dossards.

Avec le n°421, je pars donc aux environs de la 400e position. Un mec comme Laurent Jalabert n°1039 partira donc plusieurs poignées de minutes après moi. Car le départ sera de type “Contre-la-montre”, avec 3 couloirs de lancement. Et un départ donné toutes les 7 secondes.

Ambiance humide au stand, H-2

En arrivant à mon stand, je n’ai pas grand chose à faire à part prendre mon temps et me relaxer. Vérifier les pressions des pneus, s’étirer autant que possible, se délester de toutes ses affaires inutiles en confiant un énième sac aux organisateurs…

Et secourir mon voisin pris de panique ! Car pour une raison inexpliquée — pendant ce temps de préparation — le pneu avant du vélo du n° 420 explose. Comme ça, tout seul. A l’arrêt.

Je n’ai jamais vu ça…

J’imagine qu’un sur-gonflage, avec une augmentation de la pression atmosphérique… Il n’empêche, vaut mieux que ça lui arrive à l’arrêt. Mais à moins d’1h du départ, il y a de quoi lui provoquer une vive émotion, et un stress intense !

Au milieu, t-shirt orange : Tristan, de la chaine Youtube IronUMan

Le temps d’aider mon voisin dans sa logistique — qui part réparer son vélo in-extremis — et je me retrouve à mon tour dans la queue des cyclistes prêt à en découvre.

Je distingue au loin Tristan, le youtubeur de la chaine IronUMan. Un amateur de très haut niveau et passionné — et qui semble très sympa si j’en crois tout ce qu’on peut lire sur Internet à son sujet.

Les 3 couloirs de la ligne de départ de cet Ironman 70.3 de Vichy 2022

On avance à la queue leu leu.

Ça y’est, je suis dans mon couloir de départ.

Le décompte s’affiche devant moi : 7… 6… 5… 4… 3… 2… 1…

… C’est parti !

Départ de ma course vers 7h30 du matin

Les 2 premiers kilomètres consistent à longer l’Allier sur un chemin piéton. Et quelques portions en bois, très glissantes. Finalement, j’ai trouvé que cette méthode de départ en rolling-start aura permis de fluidifier le trafic dans ces zones dangeureuses. Sans toutefois limiter le drafting, car malgré un écart de 7 secondes dans ces portions lentes, on se retrouve assez rapidement en peloton. Etiré certes, mais en petits pelotons tout de même.

Début de la partie vélo, le long de l’Allier

Dès le départ, je me concentre sur ma course. Le temps se gagne partout, il n’y a pas de petits profits ! Sur l’ensemble du parcours qui m’attend, j’ai surtout retenu qu’il y a une première ascension de 500D+ à partir du 10e kilomètre. Et 3 autres bosses à escalader ensuite. Puis, une loooongue descente de 30 kilomètres pour revenir au point de départ : Vichy.

Au total, cela représente environ 1000D+. Très loin des ascensions du triathlon de l’Alpe d’Huez, certes. Mais je dois avouer que la première bosse aura quand même été plus difficile que je ne l’avais appréhendée.

Même si j’ai pris l’habitude ces 2/3 dernières années d’arriver sur des courses sans avoir eu le temps de suivre un véritable plan d’entrainement, je reste en confiance sur mes capacités profondes. Plus clairement : mon objectif était d’accomplir ce bike+run en 4h00. Un tel chrono me semblait possible dans l’absolu. Pas forcément réaliste aujourd’hui vu l’état de mon dos. Mais ma capacité à rester décontracté sur mon CLM tout en générant des watts, et mon meilleur temps au semi me donnaient un peu de confiance.

La grosse interrogation allait donc être la manière avec laquelle mon dos allait réagir. Douleurs associées à une sciatique sur mes membres inférieurs droits, pas toujours très agréable…

Assez vite, je vais me retrouver dans le dur….

Grosso modo, et malgré les premiers dénivelés, j’arrive à maintenir une moyenne aux environs de 33 km’h sur la première heure du vélo. Je constate que la raideur de mon dos m’oblige à avoir une posture légèrement différente de celle que j’ai d’habitude. Ce qui n’aura pas forcément d’incidence sur la première partie de la course.

Mais passé ce cap, je sens mes forces rapidement décliner

Dès le 40e km, mes jambes commencent déjà à flageoller. Ce qui ne m’est jamais arrivé jusqu’à aujourd’hui… Ma posture m’épuise plus vite que prévu. Le haut et le bas de mon dos tirent… Et malgré un premier gel rapidement avalé, je ne suis déjà plus très à l’aise.

Lunettes baissées et visière relevée pour éviter la buée

D’autant que la route est truffée de pièges : entre le drafting à éviter pour ne pas s’offrir de pénalités, la route glissante (mouillée ou détrempée), l’humidité ambiante qui génère de la condensation sur mes lunettes et ma visière… Bref, il faut constamment rester vigilant.

Et cette concentration — mine de rien — génère aussi de la fatigue. Et dans le cas présent, je m’en serais bien passé…

51,4e kilomètre

Quelques kilomètres plus loin, je continue à scruter les dossards qui me passent. Parce que — malgré mon affaiblissement général et mon total manque de puissance je continue à remonter des dossards partis avant moi : des 300, des 200, des 100 etc. Mais l’inverse est vrai aussi : des 500, des 600 et même des 1000 me remontent de temps en temps.

Parmi eux, au 51,4e kilomètre : Laurent Jalabert qui me passe en pleine ascension. Avec une belle roue pleine à l’arrière. Et le son qui va avec — pour les connaisseurs : “wwuu… wwuu… wwuu…” :)

Ce dépassement, je l’attendais. Et je m’attendais à avoir un sursaut de fierté, et de pouser les watts pour suivre Jaja quelques centaines de mètres au moins. Mais mon corps ne répond plus. Mon dos est trop raide, et je suis plutôt figé sur le vélo. Ce sursaut de performance ne sera pas pour aujourd’hui…

Ma seule qualité sur le parcours vélo, je la dois directement à mon vélo. Mon PlanetX est parfaitement profilé. Et malgré un frottement du frein avant dont je me suis aperçu au moment du départ, j’arrive à obtenir de belles vitesses sur le plat et les descentes — régulièrement entre 60 et 70km’h.

Mais à chaque petite ascension, un certain Eric me repasse. Avant que je ne le re-largue sur la suite du parcours. On fait le yoyo comme ça pendant quelques kilomètres.

Sa petite phrase à mon égard : “Heureusement qu’il y a les montées pour te rattraper” finira de m’achever… :(

C’est la luuutte, finaaaale

Retour à Vichy pour la transition

Les 30 derniers kilomètres sont surtout en descente. Et donc très rapides. Et me permettront ainsi de combler mes lacunes sur les premières parties du parcours. Et de rattraper (un peu) de temps perdu.

Je croise énormément de concurrents victimes de crevaisons, en train de réparer leurs vélos sur le bas-côté. Comme quoi, le facteur chance est aussi important !

Au final, j’arrive au terme de ces 87 kilomètres (et non 90 d’après ma Garmin) au bout de 2h50'15. Soit sur une moyenne entre 30/31 km’h.

Alors que je visais 35…

Ligne de transition vélo > zone de stand. Juste devant moi, 2 triathlètes en tandem, dont une para aveugle !

Malgré mon ***** de dos, j’arrive à me déchausser, et à lever le pied au dessus du cadre. Pour m’arrêter pile avant la ligne de transition. Et aller déposer mon vélo à son emplacement en trottant.

Puis, il faut aller récupérer son sac de transition. Notamment pour échanger les chaussures, et ranger son casque. Vu mes lacunes du jour, je m’interdis de me reposer davantage que nécessaire, et gâcher du temps superflu. D’autant que je galère déjà à bien me pencher pour chausser mes OnCloudFlow pour la course à pied…

Bref, j’ai dû rester dans la partie transition environ 2 ou 3 minutes.

Puis, ligne de transition passée…

… C’est parti pour le semi-marathon !

Un semi-marathon lamentable

Pas besoin d’y aller par 4 chemins : j’ai couru mon semi à la vitesse d’un ultra-trail. Excepté lors des premiers 500 mètres. Mais rapidement, mon dos et ma nouvelle sciatique me rappelent à l’ordre : je n’arriverais plus à courir comme je le fais d’habitude.

Mes meilleurs semi-marathon sont aux alentours d’un rythme de 3'45/3'50 au kilomètre. Je me disais qu’en tenant un 4'15 je limiterais les dégâts. Au final, j’étais plutôt sur du 5' voire 6 minutes au kilomètre en moyenne… Ma course peut donc se résumer ainsi : je galère, je n’ai aucune énergie, mon dos me bouffe tout. Un autre gel alimentaire n’y changera rien. Le mal est profond, le corps et le mental ne sont pas au rendez-vous.

Aïe

Au 7e km : je croise mon petit garçon : là je suis fou de joie :)

Mais mon corps ne répond plus, je suis en lutte constante. Par moment, j’ai un petit regain d’énergie. Mais rapidement, l’épreuve redevient pénible.

Ce qui m’a surtout saoulé c’est de constater que TOUS les dossards me reprennent sur cette 2nde partie de la course : les 100 à 400 dépassés en vélo me reprennent ici. Et tous les autres numéros me passent également. Psychologiquement, c’est d’autant plus difficile à vivre, puisqu’en temps normal j’aurais dû être largement devant.

Du moins… je le crois !

Malgré tout, 4h47 et 55 secondes plus tard, je passe ENFIN la ligne d’arrivée. Je me retrouve classé 84e finisher dans ma catégorie d’âge 40–44 ans. Et 956e sur environ 2500 concurrents, ce qui me place — aussi incroyable que cela puisse paraître — dans les premiers 50% alors que je m’attendais à être classé parmi les derniers…

Ce qui aura le don de me frustrer les jours qui suivront… Et de m’auto-convaincre que la barre des 4h était réaliste dans ma condition “normale” actuelle. Avec un tel chrono, j’aurais pu espérer une 10e place dans ma catégorie d’âge. A quelques minutes des slots de qualification pour les championnats du monde du coup…

Conclusion : ne rien lâcher, y croire, se concentrer, travailler la natation, et la technique globale, renforcer la ceinture abdominale…

… et rendez-vous en 2023 :)

#ViveLeSport

#NeverGiveUp

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David Desrousseaux

Entrepreneur, Ecommerce & digital consultant — Sport passionate / Challenge lover