To be marin or not marin? Finisher de l’Ultra Marin du Morbihan (175km)

David Desrousseaux
26 min readJul 6, 2022

Faire que l’aventure soit — par delà les succès ou les échecs — un accomplissement. Cette citation d’Ernest Shackelton, grand aventurier de l’Antarctique, résonne en moi dès la ligne de départ de cet Ultra Marin 2022. Car malgré les encouragements du public et des animateurs de la course, je sais surtout que j’ai de la chance d’être là. Et que le principal ne sera pas d’aller au bout de la course, mais d’aller au bout de soi-même.

Car, quel que soit le résultat de cette nouvelle épreuve, je dois vivre le truc le plus intensément possible. En prendre pleins les yeux. Pleins les tripes aussi. Pour pouvoir raconter une belle aventure à mes enfants :)

Bref, devant moi s’annonce un ultra trail de 175km.

175km, c’est long.

Très long.

Trop long même.

Avec mon abandon au 105e km de la Diagonale des Fous en 2019 — sur entorse — ma plus grosse course finisher était un 80km. Alors, si j’arrive à aller au delà, ce sera une autre réussite. Mais je me souviens aussi de la déprime qui m’avait envahie après ma blessure sur la Diag. Et la philosophie que j’en avais retirée. Donc, je suis là sans pression, avec l’unique ambition de profiter de l’instant présent.

La distance est tellement abérante et ma préparation plutôt faible (15km/sem. en moyenne ces 2 derniers mois) qu’il m’est difficile de me projeter autrement de toutes façons…

Quelques minutes avant le départ…

Sur la ligne de départ, je suis dans le SAS n°1. Ce SAS était ouvert à ceux qui visaient une épreuve de moins de 25h. Même si — facile à dire quand on est frais — je m’en sentais capable, je voulais surtout éviter de me retrouver dans les embouteillages du début de course. Je trouve qu’il n’y a rien de pire que de piétinner dès le début, bouchonné par des concurrents trop lents. Et perdre du temps précieux sur les barrières horaires.

J’ai vécu de telles expériences sur le Trail de Bourbon en 2018, où dès le départ on escaladait le Piton des Neiges. A la queue-leu-leu.

Idem à la TDS 2021, tous à se suivre sur des chemins étroits pendant des kilomètres.

Et par conséquent s’imposer un faux rythme.

Prêt à tout donner !

Là, peu de concurrents devant moi, ça va me permettre de courir comme je le veux ! D’autant que je connais par coeur les 20/30 premiers kilomètres pour les avoir déjà parcourus dans tous les sens. Je suis un peu comme à la maison, quoi :)

Etape #1 — Vannes → Arradon Penboc’h

18h05. C’est parti ! L’ambiance est top, le public continue à nous encourager tout le long de la ligne de départ, et jusqu’au bout du port de Vannes.

Au programme de cette première étape : 13,6km. Pour rejoindre Arradon, en en passant par la pointe des émigrés, puis Conleau. Le tout en longeant la mer. Bref, un joli coin pour commencer. Le soleil est au rendez-vous, il ne fait pas trop chaud. Les conditions sont réunies pour que tout se passe bien.

Lors de ce premier tronçon, je le sais : je cours trop vite. Je pense me situer dans un groupe de tête. A ce moment-là, aucune idée de mon classement — qui ne m’est de toutes façons pas important. Mais grâce à ce rythme, ça me permet :

  1. De me faire plaisir à cohabiter avec de bons traileurs.
  2. A gagner un temps considérable — dès le début de l’épreuve — sur la fameuse barrière horaire.
Le cadre est déjà exceptionnel. Et l’hélicoptère — qui suit les leaders — n’est pas si loin !

Je remarque surtout qu’aucun des traileurs que je cotoie dans ces positions de tête de course n’est équipé de bâtons. J’ai moi-même fait le choix de ne pas en prendre au début. Et de les stocker dans mon sac de transition — récupérable à mi-course. Je m’étais dit que ce serait un gain de poids non négligeable. Et puisqu’en début de course on est relativement frais, pourquoi embarquer ce matériel qui ne servira éventuellement que plus tard ?

Vu le choix identique de la concurrence, je me dis que j’ai bien fait. Et — c’est sûrement très bête — mais le fait de constater que j’ai procédé de même que ces traileurs de haut niveau me permet de positiver. Et de m’offrir un petit gain de confiance supplémentaire.

Après environ 1h de course, me voilà arrivé au premier passage chronométré :

  • 13,6km parcourus, sur une moyenne de 11,83km’h
  • 49e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 01h08'46
  • Dénivelé total depuis le départ : 106D+

A la lecture de ces chiffres, je suis vraiment parti trop vite. Mais franchement — avec le recul, puisque je rédige ce récap’ de course quelques jours après — j’ai bien fait car je me suis fait plaisir.
Et c’est VRAIMENT le principal !

A ce niveau de la course, il ne reste “plus que” 161 kilomètres à parcourir…

Etape #2 — Arradon Penboc’h → Baden Port Blanc

Les premiers kilomètres continuent de bien se passer. Je surveille régulièrement mon rythme cardiaque. Je cours derrière d’autres concurrents pour les laisser casser le vent à ma place. Bref, je gère au mieux ce début de course, malgré les changements de surface : macadam, chemin cabossé, plage… on court même dans l’eau puisque la marée monte !

Et même si le dénivelé n’a rien à voir avec ce que j’ai pu vivre à la Réunion ou dans les Alpes, la vitesse de course rend le parcours très intéressant.

Opérationnel !

Et puis un peu plus loin… une erreur. Certainement due à un excès de confiance. Je glisse sur un enchainement marche d’escalier +grosse racine. Et je me finis ma descente dans un grillage qui m’arrache le coude droit. Du coup, je saigne de partout… Un peu groggy, je laisse passer quelques traileurs, qui s’inquiètent pour moi — sympa les gars ;)

Qui a dit que le Golfe de Morbihan était plat ?!

Plus de peur que de mal à vrai dire. Mais une phrase du film “Jour de Tonnerre” me revient à ce moment-là : “Pour gagner une course, il faut d’abord la finir”. En la transposant ici, si je veux être finisher, il faut donc… se préserver. Et faire attention !

Alors désormais… je vais commencer à freiner mon ardeur. Pas besoin de courir aussi vite. J’ai le champ libre devant moi, je peux déjà passer en mode gestion. C’est moins spectaculaire en termes de chrono. Mais ce n’est pas le plus important !

Le soleil commence doucement à se coucher

Après environ 2h30 de course, me voilà arrivé au second passage chronométré, qui s’avère être une zone de ravitaillement :

  • 26,8km parcourus, sur une moyenne de 10,64km’h
  • 62e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 02h23'39
  • Dénivelé total depuis le départ : 236D+

Je reconnais le port, qui est juste en face de l’île aux Moines. Il y a pleins de gens : des touristes, des familles, et des supporters, présents pour assister leurs coureurs. L’ambiance est ouf !

Pour ma part, je ne me laisse pas distraire : le premier ravito, j’ai souvent tendance à y rester le moins de temps possible. Toujours dans cette quête de temps vis à vis de la barrière horaire. Sur laquelle j’ai d’ailleurs 3h30 d’avance ! Il n’est pas encore 21h et la barrière horaire à Baden était situé à minuit. Malgré ma chute, cette bonne nouvelle et le fait de prendre quelques minutes pour bien m’alimenter et m’hydrater, me permet de reprendre une grosse confiance pour la suite de l’épreuve.

Et 5 minutes plus tard, en route pour Bono !

Etape #3 — Baden Port Blanc → Le Bono Port

Depuis le début de la course, je croisais quelques têtes connues, venues supporter leurs amis. Mais la route vers Bono va néanmoins devenir un peu moins joviale. Plus monotone. Plus longue. Et un peu plus éprouvante.

La distance est déjà importante puisqu’une fois arrivé à Bono, j’aurais parcouru plus de 50km. Du coup je continue progressivement à ralentir le rythme, à alterner quelques marches rapides et de la vraie course à pied. Pour conserver un maximum de fraîcheur relative.

Le paysage est sompteux

Je ne connais pas du tout cet endroit du Morbihan. Alors je suis un peu paumé, et mes yeux sont constemment rivés sur ma montre GPS pour mesurer la distance restante à parcourir avant le ravito de Bono. Ce qui me fait perdre un peu de plaisir que j’avais emmagasiné en début de course.

Bye bye le soleil

Le soleil se couche progressivement, laissant place à un magnifique croissant de Lune. Splendide. Mais qui ne va pas nous éclairer beaucoup le parcours durant la nuit.

Le temps commence à se faire long. Je mets ma frontale. Et je continue à boire et à m’alimenter pour m’aider à tenir. J’ai au moins un point fort sur de telles distances : j’arrive toujours à bien gérer mon alimentation et mon hydratation. Et vers minuit, je distingue enfin Bono au loin. Mais je ne reconnais l’endroit réellement qu’au dernier moment : pour les connaisseurs, on est à proximité du cimetière de bateaux !

Ambiance au ravito de Bono

Après environ 5h30 de course, me voilà arrivé au 3e passage chronométré:

  • 50,7km parcourus, sur une moyenne de 7,93km’h
  • 150e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 05h29'01
  • Dénivelé total depuis le départ : 430D+

Sur place, ambiance beaucoup plus calme : chacun se fait servir un “plateau repas” composé de crackers tucs, abricots secs, fromages. Et du chaud aussi : pates et bouillon. Petit bémol : les seuls lipides à avaler se résument en des tranches de fromage, et en du porc — en tranches ou en rosette. N’étant pas de confession musulmane, je me demande comment les coureurs musulmans peuvent tenir une réserve de graisse suffisante avec ces seules propositions… J’avoue ne pas avoir apprécié cette forme d’inquisition alimentaire. D’autant que je le découvrirai tout le long du parcours… Chaque stand proposera exactement la même alimentation, sans aucune variété. Et toujours du khalouf comme seule viande.

Malgré le ralentissement que j’ai effectué sur cette portion, j’ai augmenté mon avance sur la barrière horaire. Laquelle s’élève désormais à 5h30 !

Bref, le temps de reprendre des forces, de mettre un pantalon, un kway, et de me reposer un peu, je repars 32 minutes plus tard exactement : il est 00h06.

Cette fois c’est sûr, on entre dans la nuit.

Etape #4 — Le Bono Port → Crac’h Stade

En quittant Bono, j’entends les traileurs et leurs familles se donner rendez-vous à un endroit clé de la course : Locmariaquer. En effet, il est prévu qu’on y prenne un bateau, et qui nous permettra de rejoindre la côte en face. Et de poursuivre notre ronde autour du Golfe.

Locmariaquer est à 30km de là. Et se situe environ à mi-parcours du Grand Raid. Du coup, je me dis qu’en courant lentement, je peux y être en 4h. Et je me dis que j’en profiterai pour me faire une bonne grosse coupure, et terminer la course sur le même rythme du début — on peut rêver

La barrière horaire indique de pointer à Crac’h au plus tard à 8h du matin. J’ai donc environ 8 heures pour parcourir 15 kilomètres. A moins d’être amputé d’une jambe, ça devrait bien se passer. Mon début de course rapide m’aura donc offert un vrai coussin de sécurité pour toute la suite de l’aventure.

Vue nocturne de Saint-Goustan

Bono n’est séparé par Auray-StGoustan que d’un petit parc de 5 kilomètres de long. Que je connais bien pour y avoir couru régulièrement avec mon fils, dans sa charette. Malgré tout, la zone est bien cassante. Et ma chute plus tôt dans la course me pousse à y aller mollo : le parcours est truffé de pièges (grosses racines, escaliers glissants, trous invisibles, etc.). Et il fait nuit !

Alors, je fais le choix de marcher et de trotter très lentement. Puis, je reprends un peu la course à pied de retour sur la route, bien plate.

Passé StGoustan, restent ensuite 10 kilomètres pour rejoindre Crac’h. Il est environ 1h du matin et subitement… mes yeux se ferment. La fatigue m’envahit soudainement.

Mes lentilles me creusent les yeux.

5 minutes avant, tout allait bien. Et là, je titube, je n’arrive même plus à marcher droit. Comme si j’étais imbibé d’alcool…

Là, c’est le début des problèmes. Je n’arrive quasiment plus à tenir mes yeux ouverts. J’avance très lentement — entre 10 et 11 minutes au kilomètre.

Et le pire, c’est que je vais suivre un groupe devant moi… qui va se tromper de parcours ! On aura fait 1 kilomètre en trop et perdu du temps précieux ; ce n’était vraiment pas le moment de se tromper là !

Lors de mes précédentes courses à la Réunion ou dans les Alpes, je me rappelle avoir dormi à la belle étoile. Perdu au milieu de nulle part en pleine nuit, en gelant de tout mon corps. Avec des dents qui claquent tellement j’avais froid, malgré ma couverture de survie. Et je n’ai pas du tout envie de reproduire cette expérience.

Du coup, je me force à avancer. J’essaye de courir un peu. Bizarrement, je m’endors moins en courant qu’en marchant. Mais la fatigue, et le fait d’être couvert de vêtements plus chauds, m’empechent de vraiment courir. Alors… je rentre en lutte avec moi-même. Je me refuse de dormir tout de suite. Il faut coûte que coûte que je passe la barrière horaire. Et que j’arrive dans un endroit chaud où je pourrai me poser. Et même y dormir plusieurs heures s’il le faut, si la barrière horaire me le permet !

“Plus que 2 kilomètres”, m’annonce un bénévole. A ma vitesse, cela représente 20 à 25 minutes. Une éternité. A bout de force, je me pose sur une barrière quelques minutes. Mais le mental reprend le dessus, et je repars. En mode zombie.

Arrivée à Crac’h Stade

Et à 2h44 du matin : j’entre enfin dans le stade ! Après environ 8h30 de course, me voilà passé au 5e passage chronométré:

  • 66,1km parcourus, sur une moyenne de 5,81km’h
  • 333e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 08h39'03
  • Dénivelé total depuis le départ : 570D+

Je me dirige immédiatement vers la tente… et à ma grande surprise, c’est juste une grande bâche ! Qui nous protègerait de la pluie s’il pleuvait. En somme, en dormant là, je sais que je vais avoir froid comme lors de mes expériences précédentes. Et surtout, cette pause risque d’être peu réparatrice.

Bref, pas le choix. Je rapproche 2 bancs, pour former une sorte de lit. Et je m’allonge. Imité par 2 autres coureurs, on essaye de nous endormir un peu.

Et 1h30 plus tard, stressé par l’environnement lugubre, le froid, et la barrière horaire, je m’arrache de là. Complètement frigorifié, comme dans mes souvenirs, je suis au bout de moi-même. Gelé, j’essaye de manger des choses au stand alimentaire. Heureusement, il y a un petit bouillon chaud qui nous est proposé.

Mais le seul vrai moyen de me réchauffer, c’est de me remettre à courir. J’arrive à m’emmener vers la ligne de sortie du ravito : il est 04h20 du matin. Il faut maintenant joindre Locmariaquer pour embarquer !

C’est quand même un truc de sadomasochiste cette course…

Etape #5— Crac’h Stade → Locmariaquer Le Guilvin

1h30 de dodo, c’est rien. Mais ankylosé par le froid, courir est ma seule porte de sortie. J’arrive à reprendre des couleurs au bout de 15 ou 20 minutes d’effort. Puis — progressivement — l’étape devient beaucoup plus agréable. D’autant que je reconnais le coin, pour y avoir passé pas mal de temps en famille l’été dernier.

Le soleil se lève

Le soleil commence déjà à se lever. Et m’offre un magnifique alignement de Venus, Saturne, Jupiter et Mars. L’astronome amateur que je suis contemple le décor. Ce qui me permet de continuer à courir, et focalisant mon esprit sur quelque chose de plus agréable. Une forme d’auto-hypnose, quoi

Au sud du Golfe du Morbihan

On fait le tour de la ville, en passant par les chemins, et la plage. J’arrive toujous à courir, ce qui me surprend beaucoup. Ma moyenne générale s’améliore, même si je suis bien au-delà des leaders maintenant.

Magnifique brume matinale

A 6h00 du matin, je valide mon temps de passage sur un tronçon intermédiaire, situé à Locmariaquer Kerpenhir :

  • 78,8km parcourus, sur une moyenne de 7,62km’h
  • 616e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 11h54'50
  • Dénivelé total depuis le départ : 617D+

Moins de 2 kilomètres plus loin, on arrive à l’embarcadère. Ne sachant pas ce qui m’attend, je me dis qu’il va y avoir la queue pour monter dans les bateaux. Alors, quel intérêt de produire un effort sur les 1800 prochains mètres ? Du coup, je ralentis mon rythme, je mange, je bois de l’eau. En avançant tranquillement vers les bateaux.

Reste 1800 mètres avant de monter dans un bateau
  • 80,6km parcourus, sur une moyenne de 6,65km’h
  • 611e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 12h11'20
  • Dénivelé total depuis le départ : 623D+

Etape #6 — Traversée en bateau vers Port Novalo

Me voilà quasiment arrivé à mi-course. Du moins, je me retrouve à l’endroit tant attendu, qui se trouve à l’autre extrémité de Vannes. Et les prochaines minutes se dérouleront assises, au dessus de l’eau.

Embarcadère à Locmariaquer

En arrivant devant l’embarcadère, on nous invite à nous vêtir d’une large veste plastifiée. Et d’un gilet de sauvetage.

On monte ensuite par équipe de 8 par bateau.

Et c’est parti pour 3km de traversée en direction de Port Novalo.

Le soleil se lève, la température se réchauffe.

La traversée est très agréable.

L’eau, ça mouille

En débarquant à Port Novalo, j’en suis à 83,6km parcourus.

Par contre… je découvre une quantité astronomique de sac poubelles posés sur le port. Dans lesquels débordent les fameuses vestes plastifiées bleues qui nous ont été données pour la traversée. Une quantité de déchet qui me dégoute sur l’instant… Je décide alors de conserver ma veste, que je roule simplement en boule dans mon sac. 0 poids supplémentaire. Et je lui donnerai une seconde vie.

Et c’est parti pour parcourir les 5 kilomètres qui nous séparent de la prochaine zone de ravitaillement : Arzon. Ou m’attend mon sac de transition déposé en début de course !

Etape #7—Port Novalo → Arzon Stade Chapron

La température est bonne, et une petite brise très agréable nous porte sur les derniers kilomètres. Tout le monde marche autour de moi. Je me dis que c’est le moment de courir, puisqu’ensuite je me poserai tranquillement à la zone de ravitaillement.

Alors, j’enchaine en courant non-stop jusqu’au stade d’Arzon. Le parcours grimpe un peu, passe par la plage. Et je reprend ainsi une trentaine de coureurs devant moi.

Arrivée au stade d’Arazon

7h15 du matin. Me voilà arrivé à mi-parcours #wouhou

  • 88,5km parcourus, sur une moyenne de 6,80km’h
  • 583e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 12h54'23
  • Dénivelé total depuis le départ : 676D+

J’y croise quelques têtes amies, qui me font du bien. Le temps de poser mes affaires à une table, d’aller chercher mon sac de ravitaillement, et je me pose devant le stand de ravitaillement alimentaire.

Soudain, un coureur fait un malaise vagal.
— “Un Médecin !!! un Médecin !!!” crient ses voisins de tables.
Le gars est tout blanc.

Personne ne vient.

A mon tour de crier pour ameuter les soins.
— “Woohh vous vous bougez ou quoi ? Un médecin on vous dit !!”

Et soudain…. à mon tour de partir.

Je perds connaissance durant une fraction de seconde.

Et je tombe par terre.

[…]

Quelques secondes après… 2 médecins sont au dessus de ma tête. Qui m’aident à me relever.

Je viens à mon tour de faire un malaise vagal.

Rapidement, ils m’emportent vers la zone de lits de camps. Et restent près de moi, à vérifier si — et comment — je m’alimente. Ils prennent ma tension : 14,7. Et semblent rassurants.

Je sens bien que ça va aussi.

Mais je sais aussi qu’il va me falloir un vrai long repos si je veux pouvoir effectuer les +80 kilomètres restants !

Immédiatement, je pense à la barrière horaire. Il fallait pointer à 12h30 maximum à Arzon. Je suis arrivé à 7h15, j’ai donc 5h15 d’avance. Tout va bien donc de ce côté là…

Les 2 prochaines heures vont se résumer en :

  • repas, et hydratation, sous surveillance. Au programme : des glucides, et des lipides ;
  • une douche, et un changement de vêtements prévus dans mon sac de transition ;
  • un soin des pieds : j’avais prévu des crèmes Akiléïne Nok pour éviter les ampoules ;
  • et une mini-sieste.

2 heures et 9 minutes plus tard, je sors enfin de cette zone. Il est 9h24. J’ai laissé passer devant moi un paquet de concurrents. Mais le principal c’est que j’ai repris de la fraîcheur, et un peu de force.

Etape #8 — Arzon Stade Chapron → Bilouris → Porh Nèz

Mon mental remonte. Je suis parti pour être finisher de cette course. Du moins, je m’en auto-convaincs ;)

Il fait beau. Et quasiment aucun touriste dans ce décor idyllique.

Je repars en courant. Je repasse alors pleins de concurrents qui marchent uniquement désormais. Les dépasser rapidement gonfle mon capital confiance.

Je prends du plaisir.

Le paysage est superbe en plus !

Blessure au coude, malaise, et nuit de m*** sont derrière moi.

Waaaaa

10h08 du matin. Je passe par la zone intermédiaire à Bilouris :

  • 88,5km parcourus, sur une moyenne de 8,39km’h
  • 688e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 15h46'47
  • Dénivelé total depuis le départ : 710D+

Et je poursuis sur la lancée jusqu’au prochain petit ravito d’Arzon Porh Nèze.

Les concurrents se font rares. Je ne dépasse que 15 personnes sur les 5 kilomètres suivants. Par contre, la température commence à bien grimper. Heureusement, ce parcours s’effectue surtout à l’ombre.

Des paysages superbes.

Bref, tout va bien jusqu’au prochain ravito.

Passage par Arzon Porh Nèz

J’ai l’impression que mon arrivée à Arzon Porh Nèz n’a pas été enregistrée. J’y suis pourtant resté un bon quart d’heure voire 20 minutes, il me semble. Le temps de boire, remplir mes 3 gourdes flasques et reprendre ainsi 1,5L d’eau sur moi. Sans oublier de remettre de la Nek sur mes pieds, bien sûr :)

En sortant de là, une supportrice nous indique qu’on est sur un bon rythme, au point de finir la course “bien avant minuit”. C’est gentil de nous dire ça… mais dans ma tête je sais que je ne cherche pas le chrono. Je veux surtout éviter tous les pièges qui m’attendent encore.

Et j’avoue que je rêve de passer la ligne d’arrivée en courant avec mes enfants… Si j’arrive à minuit, je ne pourrai pas faire ça puisqu’ils feront dodo :/

Bref, je sors de là à 10h57. Et — surtout — j’atteins la barre symbolique des 100 kilomètres :

  • 99,8km parcourus, sur une moyenne de 6,45km’h
  • 673e position, sur 1141 partants
  • Temps écoulé depuis le départ : 16h35'31
  • Dénivelé total depuis le départ : 740D+

Etape #9 — Porh Nèz → Sarzeau

Je dois pointer à Sarzeau avant 21 heures. J’ai donc plus de 7 heures pour parcourir les 22 prochains kilomètres. Là, les choses se corsent. Car même si le volume temps semble suffisant, on est à l’extrême inverse de ce que j’ai vécu la nuit dernière : il fait SUPER chaud.

Et je vais le découvrir tout au long du parcours : aucune zone d’ombre.

On va longer la mer.

Et sans aucun vent.

J’ai senti que ça allait être un moment compliqué. Du coup, j’ai fait une nouvelle micro-pause dodo, env. 30/45 minutes après être sorti de Porh Nèz. Et cette fois, couché sur l’herbe, sans avoir froid, j’ai pu me relaxer 30 minutes.

Evidemment, ma moyenne en prend un coup. Mais si ça me permet d’assurer cette seconde partie du raid, alors c’est le bon moment pour se ménager.

J’apprendrai plus tard par un de mes médecins sauveteurs — Thomas — que parmi les 359 abandons (soit 30% des traileurs de cette course de dingue) une majorité sera due à cette étape. Et à la déshydratation qu’elle aura provoquée aux raideurs.

Mon réveil sonne : c’est parti ! Le temps de rassembler mes affaires, et je repars en trottant. Et très rapidement, j’arrive sur le flanc sud de la pointe sur laquelle je me situe, face à la mer.

Et c’est parti pour une très longue virée, en passant par Saint-Gildas-de-Rhuys. Magnifique. Superbe. Mais ULTRA CHAUD ! Heureusement que je suis équipé d’une visière, et de bonnes lunettes de soleil. Et que je suis malgré tout résistant.

Des parcours plus cahotiques que prévu

Mes réserves d’eau s’épuisent rapidement. Même si j’essaye de les faire durer au maximum. Et surtout, je n’ai plus rien à manger sur moi… Plus aucune barre, aucun glucide, aucune pate de fruit, rien, nada !

Là, ça craint. Il faut absolument que j’évite de me mettre dans le rouge. J’ai déjà fait un malaise. Il faut tenir, mais sans forcer. Limiter les crampes. Car les bobos arrivent vite sinon.

Passage dans le sable

Je me trouve un coin d’ombre derrière un bar de plage à plusieurs kilomètres de là. J’y reste 15/20 minutes, pour reprendre un peu d’air frais.

J’arrive parfois encore à courir un peu. Mais quand je reprends la marche, je me rends compte que mes pas sont naturellement lents. Et comme la barrière horaire reste une belle épée de Damoclès au dessus de ma tête, j’alterne entre petits trots. Puis marche. Et ainsi de suite. En profitant parfois du dénivelé négatif pour accélérer un peu la cadence.

Puis le parcours retourne à l’intérieur des terres, en direction de Sarzeau. Et au moment de rentrer dans un chemin qui semble nous emmener vers une forêt, des habitants ont disposé des grands pichets d’eau fraîche à disposition des raideurs, le long de leur terrasse.

Ahhhhhhhaaaaa….. !

J’en profite — en bon touriste que je suis — de leur demander un truc à grignoter car je suis au bout de mes forces.

Et ils m’offrent un bout de pain.

Tant pis pour l’image dégradante du gars puant qui réclame du pain. Mais franchement, jamais je n’ai savouré un bout de baguette à ce point :)

Bref, effet placebo ou pas, c’est grâce à ces gens que j’ai pu retrouver un peu de force pour finir mon trot en direction de Sarzeau — Vidéo de mon arrivée.

15h34. Me voilà arrivé à Sarzeau. Avec 5h30 d’avance sur la barrière horaire.

  • 121,9km parcourus, sur une moyenne de 4,78km’h.
    Ma vitesse a complètement chutée depuis le début…
  • 643e position, sur 1141 partants.
    Et sûrement déjà pleins d’abandons.
  • Temps écoulé depuis le départ : 21h12'30.
    Les premiers sont déjà arrivés depuis environ 4 heures…
  • Dénivelé total depuis le départ : 893D+
    On est loin, très loin, des 10k D+ de la Diagonale des Fous !

1 heure d’arrêt au programme, avant de repartir en meilleure forme. Et hydraté !

Etape #10 — Sarzeau → Le Hézo

En sortant de Sarzeau, je l’avoue… j’en ai marre d’être là. 122km kilomètres parcourus. C’est long. Et il reste encore plus de 50 kilomètres à faire…

Mon horaire de passage entre Sarzeau et Le Hézo coïncide avec le départ de l’autre course de 56km justement ! Je me retrouve alors dépassé par des fusées, le leader de la course des 56 étant un véritable lièvre.

Et là, j’ai subis une vraie transformation. Passant de papi qui se traine avec ses batons, à marcher en crapaud. A vrai coureur, sur un rythme de dingue, sous la barre des 4 minutes au kilomètres ! Oui… Les 56k m’ont tellement énervé à passer à coté de moi à toute vitesse, je me suis senti vexé. Un comportement de primate décérébré, certes. Mais sur le plan sportif, ça m’a clairement dopé.

Un autre wagon de coureurs du 56k déboulait, je me mettais à courir avec eux. Sur 200, 300, ou 500 mètres. Puis je ralentissais, et j’attendais un groupe suivant. Que j’emmenais à mon tour. J’étais en train de faire une belle preuve de force.

Mon corps était tout fébril, mais c’était uniquement la tête qui commandait. Je ne sais pas comment c’est possible… mais j’ai couru ainsi durant 30 minutes par accélérations, sprints, à dépasser des raideurs — mes concurrents directs — à toute vitesse du coup.

A fond avec les 56k !

Une nouvelle période de la course où j’ai pris beaucoup de plaisir. D’autant que le public était au rendez-vous. Certains voyaient mon dossard jaune parmi les dossards bleus/violets. Et me criaient dystinctement leurs encouragements.

Je savais que j’allais payer un tel rythme après. Mais j’étais là pour me faire plaisir, non ? Ras le bol de marcher comme un con. Et de subir. Là, je reprennais des points de force mentale. Et par expérience, dans ce genre de course, c’est un avantage primordial.

18h53. Me voilà arrivé à Le Hézo. Avec +6h d’avance sur la barrière horaire.

  • 137km parcourus, sur une moyenne de 6,34km’h.
    Mes sprints auront (un peu) remonté ma moyenne générale.
  • 567e position, sur 1141 partants.
    J’ai donc repris une centaine de positions sur cette portion.
  • Temps écoulé depuis le départ : 24h31'54.
  • Dénivelé total depuis le départ : 925D+

Etape #11 — Le Hézo → Séné

1h plus tard, je quitte Le Hézo vers 19h46.

Avec le recul, c’etait ridicule d’être resté si longtemps à cet endroit. Il faisait bon, et je voulais me relaxer encore un peu, vu le volume temps conséquent que j’avais sur la barrière horaire. Mais… la nuit n’était déjà plus très loin. Et je savais pertinemment que j’allais encore me taper une grelotte. J’ai beau être à moitié soviétique, il est clair que mes origines ne sont pas sibériennes.

Après le super passage avec les lièvres du 56k, je me retrouve dans une autre phase. Complètement seul, dans un parcours qui s’assombrit, plus aucun supporter, rien, aucun concurrent à l’horizon, ni derrière moi. Ah si, 1 personne. Une belle traversée du vide.

Bref… je passe du tout au tout.

Des zombies, loin devant. Plus personne bientôt…

Je me redemande encore ce que je fous là… Et je ne trouve toujours pas de réponse à ma question. Alors, je passe à nouveau en mode Rambo. Pas envie de subir. J’ai 14km à parcourir, et environ une distance marathon d’ici l’arrivée. Il faut tenir !

Du coup, je sors mon téléphone, et je lance une playlist Spotify : “Funk à l’ancienne” https://open.spotify.com/playlist/1XVOl0BwfaL4QEKNcB5r0R?si=c84d2774651742ee. Je monte le son, et je marche au rythme de la musique. Tout seul, dans la cambrousse.

Le tableau est triste.

Mais au moins, j’ai tenu bon.

Arrivée à Séné Salle Cousteau

C’est au bout de ma vie que j’entre à la salle de sport de Séné à 22h36. Lessivé. Mes yeux me creusent à nouveau avec ces satanées lentilles — qui ne m’avaient plus géné depuis la nuit dernière.

  • 150,8km parcourus, sur une moyenne de 4,90km’h.
  • 591e position, sur 1141 partants.
  • Temps écoulé depuis le départ : 28h14'50.
  • Dénivelé total depuis le départ : 999D+
Bonsoir, Séné !

Je paye là mes sprints de folie quelques heures plus tôt. Mes lentilles sont sèches. Mon mental est à la limite de la rupture. Et de nouvelles douleurs apparaissent : peu de crampes, mais surtout des tendons qui commencent à bien chauffer… Notamment mon tendon d’Achille droit. Mes chaussures — des Sportiva — ne sont pas faites pour courir comme je l’ai fait tout à l’heure. Et j’ai créé des frottements excessifs, qui — avec le distance et la fatigue — ont gonflé mon tendon.

Bref, je m’alimente et… je me pose à même le sol avec ma couverture de survie pour une très longue pause d’environ 3 heures ! Arrivé avec 7h30 d’avance sur la barrière horaire, je peux m’offrir le luxe de roupiller un peu quoi… M’enfin, si je puis dire : la lumière est forte, il y a du bruit, et dormir par terre reste très spartiate.

Vers 1h30 du matin, un kiné me réveille.
— “ça va ? Vous voulez un Doliprane ?”
Comme ça, spontanément.
— “Oui… Pourquoi pas ?! Vu que j’ai mal partout… oui, je n’y ai pas pensé”.

Et là… si c’est vraiment un doliprane qu’elle m’a donné, je dois admettre que je n’en reviens toujours pas.

Car à mon réveil, vers 1h30, mon corps ne répondait plus. Mal au dos, aux jambes, aux tendons, je me demandais comment j’allais terminer l’épreuve. D’autant qu’autour de moi, nombreux étaient ceux qui pleuraient. Ils étaient tentés par l’abandon. Ils ne se voyaient plus tenir, et s’infliger une telle épreuve. Et en même temps un abandon, à cette distance… Bref, je comprends leur détresse.

Une fois le doliprane avalé, c’était le jour et la nuit ! Il m’a fallu quelques minutes pour avaler encore quelques petites choses, et je me sentais… en pleine forme ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, je suis sorti de là en courant sur un rythme de 10km/h environ !

Etape #12 — Séné → Barrarac’h

Après mon passage à vide, j’étais à nouveau sur une autre planète. L’effet du médicament était à son paroxysme. Funk à fond, je me dirigeais alors vers Moustérian, à mi-chemin du prochain checkpoint.

D’autant que je connais ce coin, j’étais donc revenu à un état de confiance. Voire même un excès de confiance, puisqu’en quittant Séné à 1h52, la barrière horaire m’indiquait que j’avais +7 heures pour rejoindre le prochain passage à Barrarac’h, à 14,5 kilomètres de là.

Je courrais dans la forêt. Je dépassais plusieurs concurrents, qui m’applaudissaient carrément pour mon rythme. C’est gentil, mais bon… j’aurais aimé conserver ce rythme toute la course quand même…

Et puis au bout d’une heure, l’effet se dissipe, les douleurs reviennent. Ce qui n’est pas très grave car le parcours devient cahotique et donc impose de ralentir : plage et sable, petits escaliers, voire grosses pierres à escalader, etc.

J’en viens à faire un bout de chemin avec Robin, un raideur de Normandie, aborant fièrement son drapeau régional. Son pote, que j’ai croisé quelques minutes auparavant, vient d’abandonner sur blessure. Robin se sent des ailes pour foncer jusqu’à l’arrivée, qui n’est plus qu’à une grosse vingtaine de kilomètres désormais.

On court ensemble jusque Port Anna. Puis, nous arrivons à Barrara’ch à 4h25 du matin.

  • 165,3km parcourus, sur une moyenne de 5,65km’h.
  • 648e position, sur 1141 partants.
  • Temps écoulé depuis le départ : 34h04'18.
  • Dénivelé total depuis le départ : 1052D+

Dernière étape— Barrarac’h → Vannes

Robin me propose de faire une pause de 30 minutes. Mais à ce stade de l’épreuve, il a davantage de fraicheur que moi.

L’arrivée à Vannes ne doit pas excéder midi. Autrement dit, j’ai 8h devant moi pour passer la ligne d’arrivée dans les temps et être déclaré finisher. Et surtout… je repense à mes petits loulous. Et la possibilité de les voir à l’arrivée :)

On repart tous les deux. Mais au bout de quelques minutes, il prend de l’avance. A nouveau, mes lentilles me tirent vers un nouveau dodo forcé. Je sens que je titube, et que je vais m’effondrer si je continue comme ça. Je m’assieds parfois sur des petits murets. Mais au final, un monceau de terre deviendra mon lit improvisé. Encore 1h30 à dormir à la belle étoile, dans le froid intergalactique. Et avec ma couverture de survie.

Mon réveil sera tout aussi rude qu’à Crac’h : tout mon corps tremble de froid, je grelotte, et claque des dents. A nouveau, je dois me forcer à m’arracher de là pour réussir à me porter. Mon tendon d’achille est bien gonflé cette fois-ci, je n’ai plus aucune flexion du pied droit. Même marcher vite devient douloureux.

Il est temps que cette course se termine !

Ces derniers 10 kilomètres seront tellement longs… Même si je sais qu’il n’y a plus aucune raison que je ne puisse pas terminer la course, le mental est encore à rude épreuve. Il faut quand même réussir à avancer, poser les pieds, continuer à boire et manger tout ce qu’on a sur soit…

Je croise alors la route d’un père et de son fils de 19 ans, complètement crampé, et qui marche en souffrant. Et je l’encourage de toutes mes forces. Il me renvoie des encouragements à son tour. Bref, on vit des moments intenses, que seul des raids de ce type nous font vivre.

Cette fin de course est longue.

Très longue.

Troooop longue.

Et me voilà arrivée à l’entrée du Port de Vannes. Je me mets à chialer — pour la 27e fois depuis le début de l’épreuve.

Et puis l’arrivée se profile…

Encore quelques minutes à tenir…

And…

I did it!

Finisher!

Ma tribu arrivera 5 minutes après mon arrivée pour une super photo finish :)

Pioupiou

Bref, j’ai “couru” +175km.

Le parcours complet

#NeverGiveUp

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David Desrousseaux

Entrepreneur, Ecommerce & digital consultant — Sport passionate / Challenge lover