Finisher de la TKB 66 2024 — la Diagonale des Fous Bretonne
Se réveiller un Dimanche à 5h du matin pour aller courir dans les terres bretonnes, quel bonheur !
Au programme : un trail de 66 kilomètres de long.
Et 2000m D+.
Je ne savais pas que la Bretagne était si vallonnée…
L’objectif de ma course est double :
- Ne pas rentrer trop tard pour m’occuper de mes enfants :)
- Et — sportivement — marquer des points ITRA qui permettront de valider mon inscription pour le tirage au sort de la Diagonale des Fous 2024 à la Réunion.
7h30 —Lentement on sort à la queue leu leu de la salle des sports, pour nous retrouver sur la ligne de départ.
Et go !
Rapidement, le tracé nous amène hors de la ville. On se retrouve d’abord dans des champs. Très boueux, vu la saison.
Mais aucune autre difficulté particulière.
Tout va bien durant les 10 premiers kilomètres de la course.
12e km — L’erreur de parcours
A hauteur de Malguénac au 12e kilomètre, je pense me situer dans un peloton près de la tête de course. Je poursuis des coureurs à environ 50 mètres. Ils sont devenus mes repères. A la fois pour m’orienter sur le parcours. Mais je me calque aussi sur eux pour définir mon rythme de course.
Après avoir longé un champ, on se retrouve dans un sous-bois. Avant d’ amorcer la montée d’une petite pente douce en sortie des bois. Quand tout à coup, ce beau monde s’arrête
— On s’est trompé, il n’y a plus de balise !!
— Comment ça !?
— Oui, ça fait un moment qu’on court sans balises. En plus y’a personne derrière nous !
Immédiatement, on s’organise pour vérifier au bout des allées si on s’est perdus. Et effectivement, aucun d’entre nous ne trouve d’autre balise, qui nous indiquerait le bon chemin à suivre.
Alors, ils se décident tous à rebrousser chemin. Et à retourner dans le bois, pour essayer de retrouver la balise perdue.
Moi ? Je m’entête.
J’ai l’impression qu’on a simplement raté un virage, alors je poursuis seul sur une des allées, en espérant retrouver le parcours plus loin.
Quelques longues minutes en solitaire après, je m’interroge finalement sur cette stratégie. Quand tout à coup je distingue très (très, très, très…) au loin des tshirts fluos dans la forêt. Ils doivent se situer à 1000 ou 2000 mètres d’où je me trouve. Et surtout, je vois que la route qu’ils empruntent va complètement à l’opposé d’où je me situe…
Dégouté, enervé
Alors, je n’ai plus le choix cette fois, il me faut rebrousser chemin. Revenir sur les allées. Redescendre le chemin vers les sous-bois. Puis retourner au croisement où j’aurais raté la fameuse balise.
Durant ce retour, je vais même croiser d’autres coureurs, qui se sont aussi trompés à leur tour.
Quelques minutes plus tard, me voilà de retour à l’intersection que j’aurais dû emprunter.
J’aurais donc parcouru environ 2500 mètres en trop. Et perdu 15 minutes dans l’aventure…
De retour dans le peloton, je suis très enervé par cette erreur. D’autant que je me retrouve avec des coureurs sur lesquels j’avais déjà 15 à 20 minutes d’avance, et qui ne sont pas du tout sur le même rythme que le mien.
Je passe donc en mode turbo diesel, à dépasser un à un les nombreux concurrents qui me précèdent. Le tout sans trop forcer, et en restant vigileant sur mon état de forme. Et comme toujours, en m’alimentant et en buvant de l’eau régulièrement.
Ce qui nous amène tranquillement jusqu’au 23e km au ravitaillement de Quelven.
23e km — Ravito de Quelven
Mes expériences passées sur les trails me poussent désormais à limiter mes temps d’arrêt sur les ravitos. Le temps de remplir mes 3 gourdes flasques, de prendre quelques forces avec abricots secs, oranges, et biscuits tucs… Et c’est reparti !
Il nous reste donc 18 kilomètres avant le prochain ravitaillement de mi-course, à Saint-Nicolas Des Eaux.
Courir dans les montées
Durant cette portion, je vais me retrouver au coude à coude avec une fille qui va me passer dans une première montée. Ce qui me surprend, car tout le monde marche lors des ascensions.
Pour préserver ses jambes.
Alors que, elle, elle court.
Et elle dépasse tout le monde.
Alors— toujours enervé par mon erreur en début de course — je m’accroche à son wagon. Et je commence à faire toutes les ascensions en courant. Au début, je me dis que c’est complètement débile de faire ça.
Et que ça va me crever rapidement.
Et finalement… j’ai plutôt l’impression que ça me permet de rester chaud.
C’est quand même une course qu’on est en train de faire.
Je me reposerai ce soir !
Au bout de plusieurs minutes, je la repasse. Et on va jouer au chat et à la souris pendant plusieurs kilomètres, jusqu’aux environs de Bieuzy.
Là, on se félicite mutuellement pour nos courses respectives.
Et… je me rends compte qu’elle court en duo !!! Sa course s’arrêtera donc à Saint-Nicolas Des Eaux où elle passera le relais à son binôme…
Voilà pourquoi elle se permettait de maintenir ce rythme !
4km avant Saint-Nicolas Des Eaux
Après Bieuzy, je la lâche. Le parcours devient de plus en plus raide et technique. Avant que je ne perde encore quelques bêtes minutes sur une nouvelle erreur de parcours d’environs 200 mètres.
Puis, un concurrent juste derrière moi se lamente — On rentre dans les 2 kilomètres les plus difficiles de la course !!
En effet, le parcours est devenu totalement cahotique. Boue, chemins tortueux et très raides, troncs d’arbre couchés sur le sol, qu’il nous faut escalader. Parfois, on doit même passer en dessous vu leur courbure.
Un vrai parcours du combattant.
Enfin, on longe finalement le chemin de halâge le long du Blavet.
En réalité, il ne s’agissait pas de 2km mais de 4km. Que j’aurais finalement parcourus en environ 40 minutes tellement les chemins étaient tortueux, difficiles et techniques.
39e kilomètre : me voilà à Saint-Nicolas Des Eaux
J’y croise Sylvain, ce qui me fait très plaisir. Le temps de se dire coucou rapidement, je reste concentré et je vais ravitailler.
Idem : je mange un peu, je remplis mes gourdes.
Et je sors de la zone.
Néanmoins, je prendrai exceptionnellement quelques minutes pour m’asseoir, m’étirer un peu.
Et me reposer.
J’ai donc passé le cap de la mi-course.
En repartant, le parcours est plat et longe le Blavet.
On pourrait croire que c’est très facile. Sauf que les pieds sont endoloris par tout ce début de course. Et courir sur du macadam bien dur, c’est finalement moins agréable qu’il n’y parait.
On repasse au dessus d’une écluse. Et c’est le retour dans les chemins de forêt. Et ainsi de suite durant les prochains kilomètres.
Jusqu’au kilomètre 49, pour le ravitaillement suivant.
49e km — Avant-dernier ravito le long du Blavet
Ce 49e kilomètre est en réalité mon 52e, au vu de toutes mes erreurs de parcours…
Il ne nous reste plus que 15 kilomètres de course.
Clairement, à ce stade, mon objectif de course est atteint.
Je suis largement sous la barrière horaire.
Certes, j’ai mal un peu partout. D’abord, parce que je n’ai pas correctement lissé mon effort. Ensuite, je dois admettre que le tracé est loin d’être facile.
Je n’imagine même pas comment cela s’est passé l’année précédente pour les concurrents qui ont fait la même course mais sous une pluie diluvienne…
Bref, ce qui me motive maintenant c’est de rentrer le plus tôt possible à la maison pour m’occuper à mon tour de mes enfants :)
La fin du parcours n’est pas particulièrement intéressante. Un dernier ravito à 5 ou 6 kilomètres de l’arrivée. Mais mes jambes sont très fatiguées. J’ai l’impression de courir sur des tiges de bois.
De nombreux concurrents me repassent lentement mais sûrement.
Mais je ne lutte plus, ma position m’importe peu, puisque le principal est d’être finisher, sans trop de bobos, et de récolter les points qui me permettront de m’inscrire à la Diagonale des Fous — pour peu que mon nom soit tiré au sort.
Et quelques longues minutes plus tard… Retour à la salle de sport de Pontivy.
I did it!
Je termine donc ces 66km (devenus 69/70 km) en moins de 9 heures, en 08:58:26, à la 146e place sur 315 finishers dans la catégorie solo.
La course compte plus de 100 abandons, soit environ 25% des inscrits.
Ce qui prouve bien la difficulté du parcours !
Never Give Up